En photographie le punctum est un détail qui attire votre attention
Le punctum
Le punctum est un endroit d'une photo qui lui donne du sens sans invoquer un système de représentation symbolique.
Le punctum vient de certains détails de la photo qui sont inattendus et non contrôlés par le photographe.
Le punctum vient casser le studium. C'est souvent un détail, quelque chose qui attire votre attention.
Le punctum est le détail qui frappe une sensibilité particulière. C'est la poésie de l'unicité.
En latin, le punctum signifie une piqûre, un point. Il vient de pungo qui veut dire je perce. Il correspond à une note de musique isolée.
Pour Roland Barthes, le punctum est la petite tâche, la petite coupure dans une photo. Le punctum est aussi le hasard qui met un point dans une photo.
Le punctum est un détail dans une photo. C'est un supplément à la fois inévitable et gracieux.
Le punctum ne vient pas forcément du photographe.
Le punctum n'atteste pas nécessairement l'art du photographe. Ce que le punctum montre, c'est que le photographe était présent sur la scène au moment de la prise de vue.
Ce que le punctum dit aussi c'est que le photographe ne pouvait pas photographier en gros plan cette petite entité, mais qu'il a dû l'intégrer dans la scène globale.
Pour Barthes, ceci implique que la voyance du photographe ne consiste pas à voir, mais à se trouver là.
Personnellement, je suis en désaccord avec lui. Je pense qu'effectivement, un photographe doit être là, mais qu'il doit savoir regarder, comprendre et s'approprier la scène. Il doit le faire pour attendre le moment décisif que l'on appelle le momentum pour figer le punctum. C'est ce que vous verrez dans le prochain article.
La relation entre le studium et le punctum
Le studium est ce que vous ressentez quand vous regardez une photo. Les émotions et les sentiments gentils surgissent à cause de votre éducation, de votre personnalité, de votre âme.
Le punctum est un élément de la photo qui est non intentionnel de la part du photographe, mais qui attire l'œil.
Apparemment ces deux concepts n'ont rien à voir entre eux. Pourtant, ils se complètent parfaitement.
Le studium est un réflexe lent, presque paresseux. Nous devons plonger en nous-mêmes pour le comprendre et mettre des mots sur ce que nous ressentons. C'est une action passive.
Le punctum au contraire est une analyse rapide, incongrue. C'est un réflexe actif, rapide. Le punctum oblige le spectateur à regarder, car il est saisi par le détail. Le punctum est un peu similaire à la technique du hors champ en composition photographique.
Comment utiliser le punctum et le studium pour créer vos photos
Roland Barthes n'était pas un photographe. Il était philosophe, linguiste, critique littéraire, sémiologue, sociologue, théoricien de la littérature.
Quand il définit ces concepts de studium et de punctum, c'est un point de vue théorique, parfois abstrait.
Lors d'une première lecture, ils peuvent sembler abscons.
Ce livre est parfois difficile à comprendre. Nous sommes très loin de la pratique photographique sur le terrain.
Pourtant, une analyse poussée et détaillée avec des prises de notes permet de comprendre que ces concepts sont applicables sur le terrain. Ils peuvent vous être utiles en tant que photographe pour non seulement réaliser et créer vos photos, mais ils peuvent aussi définir une nouvelle grille d'analyse photographique que vous pouvez utiliser pour étudier vos photos et celles des autres.
Cette grille peut être comparable à celle qui utilise les espaces positifs et négatifs, les 5 ou 10 critères pour analyser une photo, les éléments photographiques.
Le studium et le punctum peuvent être des outils très efficaces pour créer des photos intéressantes, qui ont du sens et de l'impact.
Utiliser le studium pour créer vos photos
Le studium vous permet de bien comprendre pourquoi des spectateurs ou des regardeurs apprécient vos photos.
Lorsque vous réalisez des photos, en général c'est pour les montrer que ce soit dans le cadre familial ou amical, sur les réseaux sociaux, dans des expositions, dans des festivals ou des galeries, dans des magazines internet ou papier, dans des livres, un site web. J'ai rencontré très peu de photographes qui ne montrent pas leurs photos. Il en existe. J'en connais, mais ce sont des exceptions.
Considérons que la grande majorité des photographes veulent montrer leurs photos. Je fais partie de ce groupe et vous aussi, si vous lisez cet article et ce blog.
Le seul moyen de savoir ce que les regardeurs pensent de vos photos est d'avoir des commentaires écrits, oraux. C'est pour cette raison que nous avons un système de commentaires sur les pages internet de nos sites web, que nous avons un livre d'or lors des expositions, que nous lisons les commentaires sur les réseaux sociaux.
L'important dans ces commentaires et remarques, c'est qu'ils ne parlent pas de la technique. Ce qui est important, ce sont les commentaires émotionnels, sentimentaux. Ce sont ceux qui nous touchent au plus profond de nous-mêmes.
Ce sont ces commentaires qui vont nous permettre d'améliorer nos photos, de continuer ou de quitter une thématique que nous avions choisie. Les commentaires de nos photos constituent le studium.
Ces analyses qui nous touchent émotionnellement ont été faites en fonction de l'éducation, de la personnalité des spectateurs. C'est pour cette raison qu'elles nous touchent.
Nous devons leur apporter la plus grande attention, car elles nous montrent si nous avons réussi à créer des photos intéressantes, qui ont du sens.
Ce concept du studium nous permet de bien écouter et de mieux comprendre si nos photos intéressent d'autres personnes.
Mais le studium est aussi un concept que nous pouvons adopter pour que nous analysions nos photos et celles des autres.
Quand nous réalisons une photo, nous devons nous demander ce qu'elle évoque pour nous, ce qu'elle représente, pourquoi elle nous touche. Nous devons faire appel à notre personnalité profonde pour l'analyser. Naturellement, nous comprendrons si elle est intéressante à montrer et à défendre.
Mais nous pouvons appliquer le studium pour analyser les photos d'autres photographes.
C'est souvent ce que je fais. Quand je regarde des photos qui ont été réalisées par d'autres personnes, je m'attache à donner un avis en fonction de ce que je ressens. C'est un peu un j'aime ou je n'aime pas. Cela ne veut pas dire que c'est un bonne ou une mauvaise photo. C'est une analyse subjective.
Finalement, je crois que pour simplifier, il suffit de considérer le studium comme une manière d'appréhender le sens d'une photo d'un point de vue émotionnel, sentimental et personnel.
Utiliser le punctum pour créer vos photos
Le punctum est ce détail qui attire l'œil du regardeur. C'est celui qui va déclencher l'attention.
C'est un réflexe, une attitude spontanée. Il ne va pas provoquer une analyse profonde de la photo de la part du spectateur. Pour vous, c'est pourtant un concept essentiel.
En effet, c'est ce détail qui va faire que le regardeur va s'attarder sur votre photo. Au lieu de regarder pendant une seconde puis passer son chemin, il va s'attarder, prendre son temps, analyser et rester au moins 10 secondes à contempler votre photo, car vous avez suscité son intérêt.
Le punctum vous permet de maintenir l'attention d'un spectateur et de l'attirer en maintenant son attention. C'est ce que nous recherchons tous en montrant mes photos.
Le problème du punctum, c'est qu'il peut être facile à intégrer dans une scène en studio, mais c'est plus complexe dans la nature, car les scènes ne peuvent pas être aménagées.
C'est là que la patience, l'abnégation, la connaissance du terrain sont essentielles. Vous devez comprendre le terrain, connaître les habitudes des animaux pour saisir et montrer un punctum.
Finalement
J'espère que cet article vous aura permis de bien comprendre les concepts de studium et de punctum développés par Roland Barthes.
Ce ne sont pas que des concepts théoriques. Vous pouvez les appliquer sur le terrain pour réaliser vos plates.
Le studium vous permet de bien vous comprendre et de comprendre vos spectateurs.
Le punctum vous permet d'ajouter cette touche d'originalité qui attirera l'attention.
Les deux concepts sont une autre méthode pour vous aider à construire vos photos.
Soyez humble, constant(e), patient(e), persévérant(e) et persistant(e) car le chemin pour s’approcher de l’excellence est long.
J'aime
tout comme pour Marcel, je ne sais pas ce qui a pu se passer. Un bug de mon site web m'a empêché de lire ce commentaire. C'est chose faite. Merci beaucoup pour le commentaire et les remarques. J'apprécie beaucoup.
A très bientôt.